La vie, la vraie
Quel horizon pour les sciences de gestion ? Vers une théorie de l’action collective.
Armand Hatchuel
Cet article est paru dans « Les nouvelles fondations des sciences de gestion », A.David, A.Hatchuel, R.Laufer (eds.), Vuibert, Fnege 2001. Deuxième édition 2008.
Nature shows no action. J.W. Miller
Introduction-résumé
Si les sciences de gestion sont inséparables de l’histoire des entreprises, l’universalité de leur message ne s’est dégagée que difficilement1. Pour clarifier aujourd’hui les fondements et l’horizon de ces disciplines, il nous faut retrouver les singularités historiques et scientifiques de ce cheminement,. Nous verrons que l’histoire des sciences de gestion peut être décrite comme le passage progressif d’un projet éducatif et critique à un projet scientifique original encore en quête de consolidation et d’unification. Or, à la lumière des recherches contemporaines, ce projet peut être aujourd’hui mieux fondé et spécifié avec rigueur. Nous montrerons que l’objet des sciences de gestion est une théorie axiomatique et généalogique de l’action collective ; une théorie dont on peut préciser les concepts fondamentaux, les propositions invariantes et l’originalité dans le champ des Sciences sociales. Ce point de vue a plusieurs conséquences importantes que nous développerons dans ce texte : a) Un renversement de la définition usuelle des sciences de gestion : il invite à quitter l’image des sciences de gestion comme carrefour pluridisciplinaire ou comme champ d’application des sciences sociales plus anciennes. Nous montrerons plutôt, qu’au terme d’une histoire difficile mais originale, les sciences de gestion débouchent sur un champ scientifique fondamental dont le développement peut bénéficier à l’ensemble des sciences humaines.
Les Sciences de Gestion sont ainsi totalement absentes d’un rapport de 1986 sur « L’état des Sciences sociales en France » (Guillaume 1986).
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2 b) Un élargissement de leur portée scientifique : nous verrons que