Introduction

In principio erat verbum : cette expression apparaît à la première ligne du premier paragraphe de l’Evangile selon Saint-Jean. Différents exégètes en ont donné diverses versions, mais d’une manière générale, la formule se traduit par : « Au commencement était le Verbe » ou « Au commencement était le mot ou encore la parole ». Mais la parole n’est-elle pas, de par son essence, « vocale » ? Pourquoi ne pas écrire alors « Au commencement était la voix » ? Or, si d’un point de vue biblique, au commencement était bien le Verbe, il existe bien une différence entre le média qu’est la voix et le sens qu’est le Verbe. Raisonnement renforcé par l’apport phylogénétique (du grec phûlon, tribu et genesis, origine) - c’est-à-dire de l’évolution de l’espèce – l’hominidé a commencé à s’exprimer par des bruits et grognements pour arriver après un très long cheminement à l’articulation du mot. De la même façon, ontogénétiquement (du grec ôn, ontos, être et genesis, origine) – c’est-à-dire ce qui concerne le développement de l’homme dans son unicité, de la fécondation jusqu’à l’être achevé – le nouveau-né caractérisé par le cri primal mettra du temps avant d’accéder à la verbalisation. En réalité donc, la voix se trouve au cœur de la nature humaine. Nous tenterons d’expliquer comment elle joue un rôle crucial dans le développement de l’homme qu’il s’agisse du point de vue ontogénétique ou phylogénétique.

Mais au-delà de l’expérience phylogénétique et ontogénétique, la place et la fonction de la voix dans le développement de l’homme apparaît comme plus complexe. En effet, la voix permet de parler, de crier et de chanter. Elle n’est pas simple médiation du langage, de l’information et de l’humeur. On peut dire tellement de choses sur elle : atout ou handicap, arme de conviction, d’insinuation, de séduction… Reflet direct de notre état physique et psychologique, baromètre de nos émotions, la voix ne triche pas et exprime notre personnalité. Naturelle ou travaillée,