Laïcité face à l'islam
Compte rendu de la conférence du 12 octobre 2005
Les questions soulevées par Olivier Roy dans son livre La Laïcité face à l’islam sont mises en perspective lors de cette présentation à la lumière des derniers événements.
Ainsi, face à certains spécialistes qui défendent la spécificité de la « laïcité à la française » et qui ont vu, dans les attentats de Londres en juillet 2005, une « revanche intellectuelle » de ce modèle laïc, Olivier Roy observe que les mêmes formes de radicalisation existent dans les différents Etats européens indépendamment de leurs systèmes juridiques et politiques.
Pour voir apparaître le mot laïcité pour la première fois dans un texte de droit, il fallut attendre
1946. Il n’existe donc pas de laïcité juridique spécifiquement française, la loi fondatrice datant de
1905. D’autre part, l’idée selon laquelle l’arrivée de l’islam briserait un consensus sur l’identité républicaine est illusoire. En effet, ce consensus s’est construit sur l’acceptation des règles du jeu démocratiques et non sur un partage de valeurs communes. Par ailleurs, l’attitude de l’Etat français face au problème de l’institutionnalisation du culte musulman s’inscrit dans la continuité de la tradition gallicane, voire césaro-papiste, d’intervention de l’Etat dans le dogme. Le projet de formation des imams est à cet égard exemplaire. « Qu’est-ce qu’un imam laïc ? un imam qui respecte la laïcité ou un imam qui pense la religion dans un cadre laïc ? » Enfin, il ne peut y avoir de consensus sans acceptation de l’ensemble des aspects de la laïcité par les autorités religieuses des religions majoritaires sur le territoire français. Ce qui n’est pourtant pas le cas : les protestants demandent la remise en cause de la loi de 1905, les musulmans souhaitent un assouplissement des règles régissant le financement des lieux de culte...
L’arrivée de l’islam dans la société française agit en fait comme le révélateur d’une crise de
l’identité