Le contrôle de l’exécutif depuis 1875
Le contrôle de l’exécutif depuis 1875
La réflexion constitutionnelle française s’est largement préoccupée depuis les philosophes des Lumières sur les moyens institutionnels de prévenir le despotisme, qu’il soit autocrate ou conventionnel. Montesquieu ne se trompait pas lorsqu’il écrivait en 1748 dans son De l’Esprit des Lois que « La monarchie dégénère ordinairement dans le despotisme d'un seul ; l'aristocratie dans le despotisme de plusieurs ; la démocratie dans le despotisme du peuple ». En adoptant, selon des critères généralement admis, successivement seize constitutions depuis 1791, la France s’est illustrée dans l’inconstance de ses régimes, alternant le bonapartisme pur ou dilué et le parlementarisme absolu ou pondéré. L’adoption des lois constitutionnelles de 1875 instituant la Troisième République ne devait marquer qu’une pause constitutionnelle. Encore marqués par le souvenir récent de l’autoritarisme impérial de Napoléon III, effrayés par l’ascendant d’Adolphe Thiers, les Républicains de la veille continuaient à nourrir une profonde méfiance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
Cette défiance vis-à-vis de l’exécutif marque notre histoire institutionnelle au point de servir de grille de lecture à ses divers soubresauts. Qu’il s’agisse du chef de l’État ou du chef du gouvernement, on n’aurait su concevoir que le dernier mot ne revînt à quiconque si ce n’est le représentant du peuple, auréolé de l’onction du suffrage universel : l’organe législatif. Celui-ci est investi de deux fonctions : l’élaboration de la loi ; le contrôle de l’action du gouvernement. De sorte que le contrôle de l’exécutif est conçu comme une garantie contre le despotisme d’un homme, car le peuple souverain, en élisant ses représentants, ne peut se tromper. La nature du contrôle est avant tout politique, mais peut dans certains cas devenir pénal. Ainsi conçu, ce contrôle se concrétise au travers de la subordination de la volonté exécutive à celle du