Le crapaud
Un chant dans une nuit sans air... La lune plaque en métal clair Les découpures du vert sombre. ... Un chant ; comme un écho, tout vif, Enterré, là, sous le massif... - Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre... - Un crapaud ! - Pourquoi cette peur, Près de moi, ton soldat fidèle ! Vois-le, poète tondu, sans aile, Rossignol de la boue... - Horreur ! - ... Il chante. - Horreur !! - Horreur pourquoi ? Vois-tu pas son oeil de lumière... Non : il s’en va, froid, sous sa pierre. ...................................................... Bonsoir - ce crapaud-là c’est moi. (Ce soir, 20 juillet)
INTRODUCTION
Ce poème est un sonnet inversé, de 1873, écrit par Tristan Corbière, poète français, qui s’est inspiré de sa situation pour écrire ce recueil qui présente un animal ambigu sous la forme d’un dialogue.
Grâce au dernier vers détaché lecteur comprend qu’il faut prendre ce crapaud comme incarnation de Corbière lui-même.
I. UNE SCENE INSPIREE PAR LA NATURE
a) Un décor nocturne et campagnard
On remarque une insistance sur la nuit : « lune, découpures, vers sombre, dans l’ombre » (vers 2, 3, 6).
La nature et la campagne sont révélées par la présence de végétation (« vert », vers 3).
Le décor extérieur fait intervenir des perceptions auditives.
b) L’importance du chant nocturne
Le mot « chant », qui est le premier du poème, est repris au 2nd tercet après 3 points de suspension : ceci signifie une rupture dans l’énonciation.
L’idée de son et de musique est connotée par « écho, ça se tait, Rossignol » (vers 11, 4, 10).
c) Le crapaud
Le crapaud, qui est le titre du poème, n’apparaît qu’au vers 7 ( ceci donne un effet de surprise (exclamation).
La découverte est annoncée par des comparaisons (vers 4), un double localisation (vers 5, 6), associée de dégoût avec « horreur » (vers 10, 11).