Le curé et le mort
Sous le règne de Louis XIV, les écrivains dépendent du mécénat et du pouvoir royal, ils n’avaient pas de liberté pour critiquer directement les membres de la royauté ou du clergé. Jean de la La Fontaine, avec les fables, réalise un parfait équilibre entre les exigences classiques et une éblouissante fantaisie, où la critique y est implicite.
La fable Le Curé et le mort est issue du septième recueil des fables, elle en est la onzième.
Notons que les fables de ce même recueil ont pour thème commun et dominant la rapacité et la chimère.
Depuis l’antiquité, la fable est un moyen de satire. Ici, La Fontaine ne se prive pas de critiquer les mœurs du clergé. Il nous raconte la chute inopinée d’un curé ayant la folie des grandeurs.
Axes de lecture
L’analyse de cette fable portera d’abord sur les aspects comiques du récit, puis sur la satire du prêtre.
Commentaire littéraire :
I. Le comique du récit
Cette histoire est dramatique, mais La Fontaine transforme la tragédie en comédie. Dans le premier quatrain, il décrit les personnages selon un parallélisme de structure, et use de l’antonymie d’adverbes de manière (« tristement » et « gaiement »). Il annonce d’emblée un récit comique.
Des verbes d’action comme « s’en allait » (vers 1) et « s’emparer » (vers 2), le verbe conjugué « empaqueté », ou encore la chosification du mort en trésor du prêtre ont pour effet de dédramatiser le mort. La périphrase « son dernier gîte » (vers 2) est un euphémisme, et la métaphore au vers 7, ont pour but de dédramatiser tout ce qui concerne le mort. Celui-ci est présenté comme s’il était vivant. On remarque une répétition du mot robe, « robe d’hiver, robe d’été » (vers 8) qui use du lexique de la légèreté, opposé au lexique macabre avec le mot « bière » (vers 7). La Fontaine fait preuve d’ironie.
La fable relève du style héroïcomique. Les projets éventuels du curé : « l’achat d’une feuillette du meilleur vin » (vers 24-25), l’achat de cotillons pour sa nièce