Le diable amoureux
COLLECTION DES MEILLEURS AUTEURS ANCIENS ET MODERNES
JACQUES CAZOTTE
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LE DIABLE AMOUREUX
L'HONNEUR PERDU ET RECOUVRÉ
RACHEL, OU LA BELLE JUIVE
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PARIS
LIBRAIRIE DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
PASSAGE MONTESQUIEU (RUE MONTESQUIEU)
_Près le Palais-Royal_
1905
Tous droits réservés
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS
Jacques Cazotte est né en 1720, à Dijon, où son père était greffier des états de Bourgogne. Il fit ses études chez les jésuites de sa ville natale et fut appelé à Paris pour y achever son éducation. Il entra dans l'administration de la marine, fut nommé en 1747 commissaire et ensuite contrôleur des îles du Vent, à la Martinique. Entre temps il se livra à la littérature légère, multipliant les fables, les chansons, composa, son poème héroï-comique, _Ollivier_, qui restera, avec le _Diable amoureux_, le meilleur témoignage de son imagination facile et enjouée.
En 1759, il revint en France avec sa retraite et le titre de commissaire général de la marine. Il avait cédé au père de La Valette, supérieur de la mission des jésuites, tout ce qu'il possédait à la
Martinique en terres, en nègres et en effets, et n'avait reçu en payement que des lettres de change sur la compagnie des jésuites de
Paris. Ceux-ci les laissèrent protester, ce qui fit perdre à Cazotte le fruit du travail de toute sa vie, et le contraignit à plaider contre ses anciens maîtres. C'est à cette époque qu'il se fit initier aux mystères de la société des illuminés martinistes; il y puisa cette sorte de mysticisme qui, combiné de la façon la plus bizarre avec les doctrines de l'Évangile, fit de lui un rêveur extatique, un assembleur de prédictions politiques plus ou moins réalisées. Tout le monde a entendu parler de cette singulière conversation dans laquelle Cazotte, en 1788, aurait prophétisé la triste fin de personnages politiques avec lesquels il se trouvait journellement en contact. Il paraît avéré que