La première guerre mondiale a arraché des millions d'hommes à leurs foyers, laissant leurs familles seules. Elles sont souvent loin de se soucier de l'enfer de la guerre et continuent à vivre leur vie sans réaliser vraiment le drame qui se joue non loin d'elles. C'est le thème que reprend Radiguet en 1923 avec le diable au corps. Dans ce roman, le lecteur suit l'histoire entre Marthe, jeune femme de dix-neuf ans mariée à un soldat, et le narrateur dont on n'apprendra jamais le nom, âgé de quinze ans. Bien loin de se soucier de la guerre qui éclate dans le pays et du contexte sociopolitique dans lequel ils évoluent, les deux jeunes gens entretiennent une relation passionnelle et tumultueuse, ne se souciant pas des problèmes qu'ils risquent d'attirer sur eux même et leurs famille en faisant étalage d'un tel libertinage. Dans l'extrait porté à l'étude, les deux jeunes gens sont à la recherche d'un hôtel où passer la nuit sans être vus. En quoi cette scène traduit t-elle l'essoufflement du couple formé par les deux protagonistes? Le narrateur fait vivre un voyage éprouvant à Marthe, enceinte, et révèle une facette de lui encore jamais dévoilée devant la jeune femme : exécrable.
Le voyage qu'entreprennent Marthe et le narrateur se déroule dans des conditions déplorables. Tout d'abord, il a lieu à une heure tardive, à «onze heures du soir». Il est aussi qualifié comme «interminable» par le narrateur. Le froid est bien présent tout au long de l'extrait; c'est une métaphore qui représente le froid qui s'immisce dans la relation des amants. Tout d'abord, le wagon n'est «ni chauffé, ni éclairé». Le «froid» est évoqué avec des verbes tels que «supporter» pour rappeler la dureté de se déplacer sous de telles conditions météorologiques. La pluie est aussi qualifiée de «glaciale». Cette hyperbole est encore une fois représentative de la relation se détériorant entre les deux jeunes gens. De plus le manque d'éclairage peut être vu comme un indice évoquant l'ombre qui se