Le dire et le dit dans la surprise de l’amour de marivaux
Jean-François Castille
Université de Caen Basse-Normandie
EA 4256 LASLAR jeanfrancois.castille@dbmail.com Résumé :
Dans le sillage des études consacrées au fonctionnement du langage dans le théâtre de Marivaux, cette contribution se propose d’examiner quelques effets du désengagement énonciatif dans quelques répliques de La Surprise de l’amour.
Abstract :
Some studies were already devoted to the functions of language in Marivaux’s theater. This contribution intend to analyse the refusal of enunciative involvement in some cues of La Surprise de l’amour.
De l’enquête stylistique intitulée Une Préciosité nouvelle – Marivaux et le marivaudage, publiée il y a plus de 50 ans par F. Deloffre, on tire aujourd’hui un bilan contrasté. Par un recours complaisant au vocable « marivaudage », elle légitime la lecture, de nos jours contestée, selon laquelle les intrigues marivaudiennes se réduisent à un plaisant badinage, mettant en scène des figures évanescentes vouées au culte gratuit de l’élégance creuse et du raffinement superficiel. Par réaction, d’autres lectures parlèrent, à l’inverse, du « réalisme » du théâtre de Marivaux et insistèrent sur la consistance charnelle des personnages, sur les dimensions de la séduction et du désir [1]. Mais cette controverse sur le « marivaudage » de Marivaux ne doit pas occulter un apport incontestablement plus fécond du travail de Deloffre, qui eut, entre autres mérites, celui d’attirer l’attention sur l’importance du phénomène langagier dans la dynamique dramaturgique de son écriture théâtrale. L’inventaire grammatical et lexical qui dégage les spécificités de la langue de Marivaux est complété par une étude visant à mettre en lumière un certain nombre de constantes d’écriture qui règlent le fonctionnement de son langage dramatique. Prenant au mot Marmontel qui reproche à Marivaux (qu’il n’aimait pas) de faire prévaloir le mot sur la chose, Deloffre recense méthodiquement