Le doute et la vérité
Nous commençons à connaitre le monde par l’intermédiaire de notre sensibilité. Nous avons pris des habitudes et emmagasiné des opinions qui nous ont été inculquées par notre éducation. Les opinions sont des jugements que l’on porte sur des choses ou sur des personnes sans les vérifier. Elles sont imprégnées de nos craintes, de nos intérêts et de nos sentiments qui déforment la réalité. Nous nous contentons de nos opinions et de nos habitudes pour vivre. Or la science et la philosophie exigent quelque chose de nouveau : la recherche de la vérité. Dans la vie quotidienne, je ne juge pas les choses et les personnes telles qu’elles sont mais telles qu’elles m’apparaissent : je confonds donc l’être et le paraître. Le problème de l’apparence ne fait qu’un avec celui de la vérité. Le sophiste, cet expert en discours fait de l’effet, fait illusion. Il pourra parler de la justice tout en ignorant ce qu’elle est. Ces propos soutenus par son enthousiasme, son discours brillant semble vrai, bien qu’il ne sache rien de la justice. Nous en restons souvent au stade d’opinion changeante, passagère, relative à un groupe, un individu ou une époque. Les caractères de l’opinion sont radicalement opposés à ceux de la vérité : l’une est subjective, changeante, relative, non fondée ; l’autre est objective, universelle, permanente et fondée. Pour faire de la science et de la philosophie, il faut renoncer à une certaine façon de vivre et de penser : il faut voir autrement ce qui nous entoure. Le discours de la philosophie comme celui de la science est cohérant et a une prétention universelle. La vérité doit être considérée comme une valeur et c’est comme telle qu’elle doit être interrogée. La recherche de la vérité mérite est un choix éthique, un engagement. En effet, la vérité mérite d’être recherchée pour elle-même et non pas seulement pour ses applications. Cependant, comment rechercher la vérité, ne faut-il pas commencer par s’arracher aux connaissances fausses