Le goût du risque et la mise en rendement de la montagne
Les sociétés occidentales connaissent une profusion de pratiques physiques et sportives qui misent sur un engagement risqué de l'individu. Ce sont surtout des hommes qui s’engagent dans ces activités, même si les femmes ne sont pas toujours en reste. Se "défoncer", "s'éclater", poursuivre un effort au-delà de ses forces, malgré l'épuisement, la faim, le froid, l'indécision ou la peur, ne pas céder à l'attraction irrésistible de s'abandonner, sentir enfin le monde battre en soi, le toucher de ses mains, de tout son corps, deviennent des nécessités intérieures pour nombre d’Occidentaux. Les plus jeunes, interrogés sur leur engouement pour ces activités, évoquent souvent « l’adrénaline ». Des épreuves de toutes sortes voient le jour dont le fil conducteur réside dans les efforts qu’elles exigent et l’éventualité de l’accident qu’elles sollicitent. On traverse les mers à la nage, à la rame, en planche à voile, sur des "skis" avec un équipement de survie à la traîne; on descend les fleuves en raft, en canoë, en kayak, si possible dans les lieux inaccessibles, avec des rapides et des chutes qui pimentent l'action et soudent le groupe; on parcourt les déserts à pied, en ULM, en voiture, à cheval, en moto, en camion, voire même avec des vélos aménagés; on grimpe les sommets à plusieurs, en équipe d'entreprise, en solo, à mains nues, avec ou sans oxygène, en toutes saisons sachant cependant que l'hiver octroie le meilleur rendement symbolique surtout s'il s'agit d'une face nord, en cordée de malades, de personnes ayant un handicap physique ou sensoriel ; on enchaîne les escalades dans le temps le plus bref; on accède au sommet pour se lancer en parapente, en deltaplane, en ski extrême, en monoski, en surf... On marche, on court, on chevauche, on nage, on enfourche son VTT entre deux villes, deux difficultés, deux continents, pendant des semaines, des mois ou des années. On court un marathon ou trois ou quatre de