Le génocide rwandais
Introduction :
Commençons par rappeler quelques éléments sur les faits. D'avril à juillet 1994 au Rwanda sont déclenchées des tueries de masse à l'encontre des membres de l'ethnie tutsie. Ces massacres touchent la quasi totalité du territoire, sont menées par l'ensemble de la population, et atteignent une efficacité monstrueuse : en une centaine de jours, des centaines de milliers de personnes sont assassinées. Des débats existent sur le nombre de tués (très majoritairement des Tutsis) : la fourchette basse donne 500 000 morts, la plus haute, celles des autorités rwandaises actuelles, 2 millions. L'estimation qui revient le plus souvent tourne autour de 800 000, jusqu'à un million. On estime que les ¾ de la population tutsie furent éliminés. La question qui guidera mon exposé sera la suivante : comment le génocide rwandais a-t-il été possible ? Pour qualifier ce génocide, on peut dire qu'il fut rural, civil, à la fois rudimentaire et massif, avec des meurtres de face-à-face marqués par une grande cruauté. Une telle explosion de violence a quelque chose de difficilement compréhensible, voire d'incompréhensible. Se pencher sur les motivations des tueurs est certes nécessaire pour essayer d'appréhender les faits, mais ces motivations demeurent inatteignables malgré les témoignages rétrospectifs. Il semble donc qu'il faille examiner les conditions de possibilité du massacre, ce qui revient à étudier un cas précis de relations entre violence et politique, puisque le Rwanda, marqué par un contexte de guerre civile où les violences politiques étaient extrêmes et banalisées, a vu se mettre en place des politiques criminelles qui ont mené au génocide. Les oeuvres à partir desquelles je vais travailler sont : Rwanda, de la guerre au génocide. Les politiques criminelles au Rwanda (1990-1994), d'André Guichaoua, mais aussi deux articles : Grands tueurs et petits tueurs : la question de l'obéissance dans le génocide des