Le mensonge, ennemi le plus dangereux de la vérité ?
Lorsque l’on qualifie quelqu’un d’homme ou de femme « de convictions » selon le sens commun, c’est un compliment qui lui est adressé. Tout autre est le sort fait au mensonge : l’épithète « menteur » est injurieuse, mentir unanimement condamné par la morale et par la loi ; alors qu’on en appelle à l’ « intime conviction » des jurés, le parjure (i.e. un mensonge) est un délit. Il s’agit en effet d’une « assertion sciemment contraire à la vérité, énoncée dans l’intention de tromper ». La conviction quant à elle, qu’elle prenne le sens de certitude logique – le Ûberzeugung chez Kant- ou simplement « ferme et suffisante pour l’action mais non tout à fait rigoureuse », semble rapprocher la pensée du réel quand le mensonge en est la négation. Ainsi, l’idée de mettre sur le même plan le mensonge et la conviction, de les qualifier tous deux d’ennemis de la vérité va à l’encontre de la doxa et choque l’opinion commune. C’est pourtant ce que fait Nietzsche dans Mensliches, Allzumenschliches, allant jusqu’à déclarer « les convictions […] des ennemis de la vérité plus dangereux que le mensonge ». Voici un énoncé doublement paradoxal au premier abord, puisque le mensonge étant la négation volontaire de la vérité, on a peine à concevoir un ennemi de la vérité plus dangereux que lui ; et s’il en était un, comment pourrait-ce être la conviction, qui tend apparemment à la vérité ?
I. Le mensonge, ennemi de la vérité ?
A. Qu’est-ce qu’être « ennemi de la vérité » ? B. Qu’est-ce que le mensonge ? C. En quoi le mensonge est-il ennemi de la vérité ?
II. La conviction, » « amie » de la vérité ?
A. Nature & nécessité des convictions B. La conviction rapproche de la vérité (certitude logique = Überzeugung) C. MS peut aussi nous tromper et éloigner de la vérité (Überredung) ; >< doute => ennemi de la vérité ?
III. Quel est l’ennemi « le plus dangereux »