Le personnage de trissotin dans les femmes savantes (1672)
Comme très souvent chez Molière, le personnage nous est présenté par les propos d’autrui avant qu’il n’apparaisse. Très vite il est l’objet de la discussion qui oppose les deux amoureux, Clitandre et Henriette. Alors que la fille de Philaminte demande à son amant de composer pour séduire sa future belle-famille en flattant quelque peu les travers par où elle pèche, elle se voit répondre tout net par le jeune homme (acte I, scène 4) qu’il ne saurait consentir à complimenter la prétention aussi sotte que ridicule que les femmes ont d’être savantes et qui très vite se cristallise sur un nom : Trissotin. Ce personnage lasse jusqu’à l’agacement un auditoire moins naïf qui le considère comme "Un benêt dont partout on siffle les écrits". Même Chrysale s’est aperçu (acte II, scène 7) du rôle essentiel que joue ce pédant et lui reproche son emphase, son verbiage et sa sottise.
Trissotin est d’abord un poète de piètre mérite qui abonde en préciosités ridicules. Il file des images outrées : son poème est un enfant nouveau-né dont l’auteur a "accouché’’. Philaminte sera sa marraine ; c’est aussi une nourriture qui doit mal apaiser une fringale ; l’image culinaire se poursuit avec les mots "ragoût" et "sel attique" (acte