Le pont mirabeau
Dans un premier temps, nous essaierons de montrer que ce poème est une complainte pour un amour disparu, dans un deuxième temps nous montrerons qu’il s’agit aussi d’une méditation poétique sur la fuite du temps mais nous essaierons de montrer la dimension parfois ambiguë de ce texte.
1 – Une complainte sur l’amour disparu.
a) La musicalité du poème
Le Pont Mirabeau n'est pas une chanson, mais sa structure en est proche, avec un couplet et un refrain fait d’un distique, puisque nous avons les deux vers "Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure" qui se répètent à chaque fin de strophe. Par ailleurs, ce poème a été mis en musique par de nombreux chanteurs, au nombre desquels Léo Ferré ou Serge Reggiani.
Comme nous l’avons dit, chacune des strophes était initialement composée de trois décasyllabes qu'Apollinaire a volontairement découpés en quatre vers, en respectant la structure suivante : décasyllabe, tétrasyllabe, hexasyllabe, décasyllabe. Par ailleurs, il a disposé les vers les plus courts en les « décalant » par rapport aux autres, créant ainsi un « mouvement » dans la page qui donnerait presque une impression d'écoulement, écoulement accentué par le fait qu'il n'y a pas de ponctuation qui ralentisse la lecture.
Cette fluidité s’avère de surcroît « musicale » dès les premiers vers avec des allitérations en s et en l, cette dernière allitération « liquide » se retrouvant au vers 10, ou encore aux vers 15 et 16. Mais loin d’être « légère », cette fluidité est au service du souvenir d’un amour disparu. De même, on remarquera la présence dans chaque quatrain de trois rimes identiques et d’une rime orpheline, « l’isolement » de cette dernière pouvant renvoyer à la