Le renseignement français en chantier
LE RENSEIGNEMENT FRANÇAIS EN CHANTIER
Eric Denécé
Les bouleversements géopolitiques majeurs survenus depuis 1991 ont profondément accru le niveau d'incertitude de la vie internationale, dans tous les domaines. Logiquement, le rôle du renseignement s’en est trouvé renforcé, Chaque nouvelle crise est l'occasion de mettre en lumière à quel point son acquisition - ou sa carence - peut avoir un impact fort sur l'évolution de la situation. Mais, c’est surtout depuis les tragiques événements du 11 septembre 2001 que la majorité des Etats occidentaux ont décidé d’accroître les moyens de leurs services de renseignement et de sécurité - intérieurs, extérieurs et militaires - réalisant combien ils étaient indispensables. C'est en effet par leur biais qu’il est possible de lutter efficacement contre les groupes djihadistes, partout dans le monde. Toutefois, ces efforts ont été très inégaux. Alors que les Etats-Unis, la GrandeBretagne et quelques pays européens ont procédé à des augmentations significatives en matière de budget et de recrutement, d’autres n'ont guère modifié leur dispositif. C’est en particulier, jusqu’en 2007, le cas de la France. Il existe plusieurs raisons à cet immobilisme français après 2001. Outre un très faible intérêt pour le renseignement parmi les élites dirigeantes, une partie des services a connu une première réforme en 1992, à l’issue de la guerre du Golfe. De plus, grâce à sa très ancienne expérience de la lutte contre le terrorisme d’origine arabe, Paris considéra que son dispositif était adapté à la nouvelle menace et ne procéda à aucune remise en cause de son système. Ce n’est qu’à partir de 2007, sous l’impulsion du président Sarkozy, que de nouvelles réformes sont mises en oeuvre. Malgré leur utilité, celles-ci restent insuffisantes afin de remédier à aux lacunes du renseignement français et permettre sa nécessaire expansion. LA MODERNISATION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE APRES LA PREMIERE