Le roman Le roman ne connaît pas de limites, toujours il produit plus, toujours il se renouvelle que ce soit dans la forme ou même le fond. C’est pourquoi il intrigue, il nous intrigue. Sans cesse, on peut se demander : un roman montre-t-il la réalité ? C’est ce problème de la mimesis c’est-à-dire de la fiction représentant la réalité qu’aborde Marthe Robert dans Roman des origines, origine du roman quand elle écrit : " A strictement parler, en effet, tout est " feint " dans un monde créé de toute pièce pour être écrit : quelque traitement qu’elle subisse et sous quelque forme qu’elle soit suggérée, la réalité romanesque est fictive, ou plus exactement, c’est toujours une réalité de roman, où des personnages de roman ont une naissance, une mort, des aventures de roman. [ …] Le degré de réalité d’un roman n’est jamais chose mesurable, il ne représente que la part d’illusion dont le romancier se plaît à jouer. " Il est intéressant avant tout d’analyser plus profondément les propos de Marthe Robert puis d’observer en quoi ils sont une critique du réalisme et enfin d’aborder les conséquences que cette critique de la mimesis peut entraîner. Le roman est " ce monde créé de toute pièce pour être écrit ". L’idée de création est fondamentale. En effet, dès lors qu’un romancier prend sa plume, il peut donner vie et mort à ses personnages c’est-à-dire qu’il en est le " Dieu créateur ". Georges Semprun dans L’écriture ou la vie dit avec beaucoup d’humour que s’il veut suspendre les gestes et les paroles de son personnage, il peut le faire ; et comme pour illustrer ses paroles, il arrête son récit, " pétrifie " son personnage le temps d’une digression, et reprend le cours de l’histoire quelques pages plus loin. Cela montre clairement qu’un roman est une pure fabrication, une " machine inventée par l’homme " affirme même Aragon. Mais pourquoi l’homme a-t-il besoin de " feindre " une réalité ?
Il semble que l’homme a besoin de recourir à la fiction, au fantasme même,