Le sublime aujourd'hui
Les références au sublime sont fréquentes dans le discours philosophique et critique tout à fait contemporain. Ces références ne sont pas homogènes. Elles ont cependant des raisons d'être. Celles-ci ne se lisent pas tant dans l'adéquation de ces références à la création artistique et littéraire du XXe siècle que dans la fonction de ces références : le sublime devient un moyen de disposer ou de ne pas disposer un pouvoir de l'œuvre et de reconnaître que celle-ci dispose ou ne dispose pas, par elle-même, sa propre pertinence. Le sublime serait alors cette référence qui permettrait d'interroger le statut de l'art et de la littérature du XXe siècle, suivant des cadres usuels d'interrogation, mais aussi suivant ce que l'art et la littérature instituent symboliquement. La référence au sublime est le moyen de mesurer ce moment instituant et de le caractériser diversement. Il ne s'agit pas ici de valider les caractérisations contemporaines du sublime, ni de les intepréter, mais de les réécrire suivant leurs implications et de tenir ces implications pour les moyens de préciser le statut de la littérature au XXe siècle, particulièrement selon son jeu avec le commun et suivant le moment de l'instituant symbolique[1]. Les illustrations de ces discours contemporains sur le sublime qui sont ici retenues font système suivant des jeux d'oppositions internes à ce système. Ces oppositions permettent de marquer les contradictions implicites de la pensée contemporaine du sublime et d'indiquer, par là, au prix d'une réécriture, ce que cette pensée désigne à travers sa référence au sublime.
I. DE QUELQUES DISCOURS CONTEMPORAINS SUR LE SUBLIME ET DE LEURS INCONSÉQUENCES
Le discours contemporain sur le sublime est un discours qui veut savoir l'incohérence du traité de Longin[2]. Cela dispose la difficulté à traiter de manière cohérente du sublime. Cela autorise les