Le vague des passions
René de Chateaubriand, bref récit à caractère autobiographique, paraît en 1802; il a été composé comme un épisode de la longue épopée des Natchez, mais détaché ensuite de celle-ci et inséré dans le Génie du Christianisme (ouvrage apologétique écrit pendant son exil et qui défend la sagesse et la beauté de la religion chrétienne, affectée par la philosophie des Lumières, puis par la tourmente révolutionnaire) pour illustrer le “Vague des passions”. *
Par ce premier mal du siècle, Chateaubriand entend un état où d’inutiles” rêveries” sans objet font du jeune homme un être exclu et solitaire, dès lors qu’il n’a plus l’appui de la religion. Le ton mélancolique dans René rappelle parfois celui d’Oberman de Senancour, le genre celui des Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau et la plainte celle du Werther de Gœthe. Pour mieux étudier l’idée du “Vague des passions”, il est intéressant de réfléchir aux différentes passions qui existent dans René ; ainsi, on analysera successivement la passion bucolique car la nature joue un rôle très important dans le roman, la passion solitaire puisque René est un être très marginal et reclu de la société et enfin la passion sentimentale avec l’amour ambigu entre frère et sœur esquivé grâce à la religion ainsi que l’aspiration a l’infini et le rapport de René à la mort. * Le Voyageur contemplant une mer de nuages Caspar David Friedrich (1817) Dans ce tableau, on a l’impression de deviner les sentiments tourmentés du personnage rien qu’en contemplant le paysage nuageux qui l’entoure.
1) Passion bucolique -La nature, objet de contemplation La contemplation de la nature prend dans l'âme de