L'enfant et le père goriot

13229 mots 53 pages
ILa case trapue, bien assise à même le sol rougeâtre et ceinturée à sa base d’une balustrade, s’appuie sur un horizon de mornes sombres. Le sentier qui mène, luisant comme une peau de couleuvre abandonnée, s’arrête brusquement au haut d’une pente d’herbe de Guinée et se jette en tremplin vers le ciel transparent.Un petit champ borde le sentier : des épis de maïs lissent leurs barbes rousses dans de longs cols flexibles de feuilles vertes. À cette heure tendre d’après-midi, le vent joue sur les flûtes …afficher plus de contenu…

Il faut chasser les mouches.Les hommes se sont arrêtés au pas de la porte. Ils font de gauches signes de croix :– Au nom du Pè, et du Fils et du Saint-Esprit, si soit il.La mère se réveille. Elle regarde d’abord tout égarée, puis pleure bruyamment.Les plaintes deviennent aiguës.Une grosse commère se fait place à coups de coude.– Ah chè, laissé m’aidé ou crier.Et hurle en arrachant son madras– Pitite mouin, pitite mouin, ah la passage.– Est ce que Balletroy a été chercher Jean-Marie ? demande Dornéval.– Oui, il est allé, répond Désilus.(Jean-Marie est le père savane. Dans les campagnes haïtiennes reculées, là où il n’y a ni église, ni curé, le prêtre savane est souvent un ancien sacristain de village, qui exerce un sacerdoce bénévole et lucratif.Jean-Marie habitait le bourg le plus proche et comme il n’y existait point de chapelle, il officiait à …afficher plus de contenu…

Amen.………………………………………………….Et voici, tout est fini : une femme hagarde crie interminablement : des hommes se hâtent, courbés sur une boîte ; des torches de résine s’allument, et vers le cimetière de campagne aux tombes humbles et basses comme des pauvresses agenouillées, vont dans le vent et la nuit, d’un pas lourd et en silence. Dorilas, Aurel et Dornéval.IIIUn homme marche vite dans la nuit : s’il y avait lune, cette lune claire qui blanchit à la chaux les mornes, ruisselle sur les bananiers, coule sur les sentiers comme une eau sur les galets, s’il y avait lune, belle lune, tu pourrais voir cet homme qui va si vite, qu’il semble à chaque enjambée sauter dessus un fossé.Mais le ciel est à l’image du monde terreux, montagneux, solidifié et ce n’est pas ce morceau de verre de lune vitreux, égaré dans une crevasse de nuages, qui te montrait quoi que ce soit.Et tu ignorerais toujours le nom et le visage de l’homme,

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