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Certes, il est évident que dans le monde moderne toute technique nouvelle résulte de l’application d’une science déterminée, comme par exemple, au début des Temps modernes, la science de la nature.
Toutefois, sciences et techniques se sont longtemps développées chacune de leur côté. Qui dit science, dit réflexion et raisonnement. Un mathématicien utilise seulement la craie et le tableau pour développer sa démonstration. C’est exact, mais aujourd’hui, il est clair qu’il utilisera l’ordinateur…
Inversement, clous, marteaux, javelots ont été inventés et utilisés sans attendre la formulation du théorème des leviers (17e siècle). Mais aujourd’hui, qui pourrait contester l’apport des nouveaux instruments de précision ?
En très gros, l’on peut dire que si la science vise la vérité, l’autre vise surtout l’efficacité. C’est vrai. Mais aujourd’hui ne voit-on pas que l’efficacité des mesures dépasse et commande non seulement les expérimentations mais les théories elles-mêmes ? Technique et science se rejoignent en un même point où la seule visée est celle d’un contrôle absolu des données et des mesures.
Qu’est-ce qui permet de comprendre cette identité entre science et technique et ce renversement qui fait le la science la servante de la technique moderne ?
La technique suppose la mobilisation de moyens en vue de la réalisation d’une fin consciente. Son critère d’évaluation est la réussite ou l’échec de l’action. Cette définition de la technique est suffisamment large pour inclure toute activité ne faisant pas nécessairement appel à des outils ou à des machines compliquées : l’art oratoire ou le chant par exemple.
Par conséquent, la convergence actuelle de la science et de la technique conduit à s’interroger sur l’illusion qu’il n’y aurait de science qu’en vue de son exploitation d’ordre technique ou économique. C’est plutôt l’inverse qui est vrai, puisqu’il s’agit au fond d’une domination de toutes