Les animaux malades de la peste
Première fable de la deuxième série de livres, "Les Animaux..." montrent non pas un procès, comme il a parfois été dit (à cause du "jugement de cour" du vers 64), mais une décision politique : trouver un "bouc émissaire" dont le sacrifice sauvera la société du fléau qui l'accable.
Deux aspects nous intéressent ici :
• une peinture de la société animale au travers de laquelle on discerne une satire de la Cour (et de la société humaine)
• une allusion aux rapports entre les hommes et les animaux.
1ère partie, v. 1-14 : la peinture de la peste.
Cette première partie décrit la peste, fléau moins fréquent au XVIIème siècle, mais qui avait laissé de terribles souvenirs ; ajoutons une dimension intertextuelle : peintures de la peste dans Œdipe-Roi de Sophocle (IVème siècle av. J-C), chez Thucydide (même époque) ou encore chez le poète latin Lucrèce (Ier siècle avant J-C).
C'est surtout le mythe d'Œdipe qui nous intéresse ici : le Roi évoque naturellement le début de la tragédie de Sophocle. Allusions aussi à l'Achéron (fleuve des enfers ; il fallait payer son passage, d'où la richesse !) Tableau édifiant de la peste : ni travail, ni amour, ni même chasse... L'on voit ici se mettre en place la symbolique animale : opposition entre les prédateurs (Loups, renards) et les proies (innocentes !), entre animaux belliqueux et pacifiques (les tourterelles, symbole de l'amour).
2ème partie, v. 15-33 : le discours du Roi.
Ici, celui-ci n'est pas trop malmené. Il apparaît même comme un bon roi, qui prend en charge l'avenir de son royaume. Il propose le sacrifice "du plus coupable", argumente par des références historiques, invite son Conseil à suivre son exemple (impératifs 1ère pers. pluriel), et commence son examen de conscience. Il s'accuse donc d'avoir tué des moutons... et même parfois le berger : voir l'usage ironique de l'hétérométrie, qui met en valeur, dans un vers trisyllabique, ce dernier trait !
L'ironie