Les avatars du mythe de dédale et icare
À la Renaissance ▪ Desportes (1546-1606) : sonnet « Icare est chu ici » in Amours d’Hippolyte Chez Desportes, les personnages de Dédale et des spectateurs ont disparu. Le mythe se trouve en quelque sorte réduit à l’état d’épure, dépouillé de ses éléments décoratifs. La témérité qui jadis était considérée comme un défaut se transforme en vertu. Le poète attribue à Icare initiative et gloire en faisant de sa mort le fruit et la rançon de l’audace. Il accorde une importance au tombeau marin : l’honneur d’Icare fut de trouver dans les flots l’aboutissement de son aventure et d’avoir ainsi un élément pour sépulcre. La perte est ainsi compensée par le gain. La figure d’Icare quitte donc le domaine narratif pour devenir un symbole poétique, celui de l’élan absolu, de l’audace en général. ▪ Ronsard (1524-1585) : sonnet « Pour Astrée » in Les Amours Ronsard ne reprend du récit d’Ovide que la mention des plumes, de la chute et de la mer-tombeau. En revanche, le poète compare le vol d’Icare à son amour pour Astrée, en jouant sur l’homologie Astrée/astres. Icare n’est plus loué dans sa personne mais devient un terme de comparaison pour l’entreprise amoureuse du poète lui-même qui reçoit la louange. La chute d’Icare est considérée ici comme quelque chose de glorieux (« Icare fit de sa chute nommer les ondes de la mer »). À l’instar de Desportes, l’idée de la perte compensée par le gain se retrouve. ▪ Bruegel l’Ancien (1525-1530 – 1569) : Paysage avec la chute d’Icare Par sa peinture, Bruegel nous délivre ce message : la témérité présomptueuse de l’homme n’interrompt pas le rythme immuable de la nature. Le mythe est ici réduit à quelques plumes et à deux jambes qui s’engloutissent dans les eaux tandis qu’une tête, sous les arbres à gauche, indique la présence d’un homme mort qui pourrait être Dédale mais aussi l’illustration du proverbe « même un homme mort n’arrête pas la charrue », symbole de