Les conseillers thuriféraires du chef
Une mangue tombe quand elle est mûre, mais devant l’ouragan, mûre ou non tombe quand même, disait le feu président Mobutu. Cette phrase dit, de quelques manières, la réalité politique africaine quant à l’accession au pouvoir. Nombre des chefs d’Etat africains qui arrivent au pouvoir n’ont pas culture de quitter les choses avant qu’elles ne les quittent. Loin d’être un prophète du malheur, je m’évertue à prédire les choses à l’avance pour que d’aucuns ne soient surpris déjà pris en tenaille : qu’on le veuille ou non, aucun président n’est indispensable ni irremplaçable moins encore éternel sous le ciel. Les règles, les lois et les constitutions sont faites non pas pour être foulées aux pieds mais pour être respectées, par ricochet, la démocratie ne devient réalité que lorsque le pouvoir politique jouit d’alternance et la télévision et les autres médias d’indépendance et de liberté. Grâce au premier savoir nécessaire pour l’homme du 21èm siècle développé par Edgar Morin, je comprends que certains conseillers politiques des chefs d’Etat africains sont atteints de cécité de la connaissance. Ils pensent qu’une fois au sommet d’Etat, un président peut ériger un système à circuit verrouillé et à durée indéterminée chargé d’organiser des assassinats arbitraires et ciblés, de réviser la constitution de la république à dessein, de domestiquer les médias, … sans pourtant répondre de ses actes. Je me questionne autant que vous : comment sont-ils parvenus là ? Ces conseillers thuriféraires décident désormais du sort de tout un continent, simplement parce qu’ils ont une vision individualiste et limitée. Mieux vaudrait qu’ils mettent un peu d’eau leur vin. Africains et Congolais que sommes, luttons de moins en moins contre les faits sociaux et de plus en plus contre ces conseillers thuriféraires car ils sont à la base des idéologies machiavéliques qui éternisent leurs seigneurs au pouvoir. Ce faisant, les médias sont, pour eux, une