Les contraintes formelles sont-elles pour le poète une entrave à une expression libre et originale ?

2227 mots 9 pages
La poésie s’oppose totalement à la prose dont « le but est exprimable par tout autre écrit ». Cette idée de Valéry, poète du XXème siècle paraît injustifiée. En effet, si l’auteur romanesque ne se heurte qu’aux contraintes de la graphie (alinéas, paragraphes), le poète aime à se plonger dans les formes fixes, telles que le sonnet ou le rondeau. Nous pouvons alors nous interroger sur cette étude de la sémantique particulière et multiple propre au poème, car ces structures figées semblent plutôt restreindre le champ d’action de l’écrivain. Les contraintes formelles sont-elles pour le poète une entrave à une expression libre et originale ? Les poèmes à formes fixes imposent des règles strictes qui peuvent aller jusqu’à l’étouffement de leur popularité, de leur structure, mais elles sont avant tout pour le poète un travail de style. L’auteur rodé et conformé à leurs difficultés se démarque par une utilisation novatrice d’un de leurs aspects.

Les poèmes à forme fixes vont parfois jusqu’à épuiser le genre. Le sonnet est une forme fixe inventée par Pétrarque et reprise au XVI par les poètes de l’école Lyonnaise et de la Pléiade. Ces derniers ont fixé l’âge d’or de ce genre et ont perfectionné ses règles, notamment au niveau des rimes. Les nombreux sonnets de Ronsard, dédiés aux femmes qu’il aime (Marie, Hélène) ont d’abord séduit, puis ennuyé certains lecteurs. Molière, un siècle plus tard parodie l’apparition du sonnet dans le Misanthrope (Acte I, scène 2). Oronte crée de toute pièce un sonnet, mais celui-ci ne présente pas grand intérêt. Philinte trouve cela « charmant » mais Alceste le désapprouve. En effet, la faiblesse du message, c’est-à dire exprimer à Philis qu’il attend une réponse n’est pas compensée par la beauté de la forme. De plus, les répétitions sont trop nombreuses et la pointe manque de finesse. Le sonnet porte ici la marque de sa propre décadence et ce genre ne sera plus repris avant le XIXème siècle.
Les contraintes formelles peuvent dénaturer

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