Les fables, les contes (surtout les contes philosophiques), les exemples, présentent tous un mode de fonctionnement allégorique qui autorise une argumentation indirecte. Ils visent en effet à convaincre et persuader le lecteur indirectement, par un récit fictionnel arrangé, ordonné, destiné à présenter des idées, des valeurs symboliques, à travers des personnages de fiction (hommes, dieux, animaux, végétaux…), à la fonction référentielle et symbolique s’inscrivant dans une tradition culturelle, des situations initiatiques qui révèlent cette valeur symbolique, des dialogues qui créent des pauses dans le récit, permettent souvent de confronter différentes opinions ou de tirer des enseignements. Dans cette argumentation indirecte, le rôle de l’implicite est souvent essentiel. L’apologue suggère souvent plus qu’il n’affirme une idée. Il recourt à la légèreté de l’allusion au détriment de la lourdeur de la démonstration. Il se cache de la censure en attribuant ses critiques à un tiers ou en les dissimulant dans des propos codés ou ironiques comme Voltaire. Le grand mérite de cette forme d’argumentation est d’aiguiser la curiosité du lecteur, dont la complicité est requise pour deviner les intentions de l’auteur.
La fable jean de La Fontaine, comme chez ses prédécesseurs, la fable est un récit fictionnel court qui use parfois du merveilleux (d’où l’adjectif « fabuleux »). Le récit, sorte de mini conte, suit souvent le schéma narratif du genre : situation initiale perturbée par un événement déclenchant une mise en route, péripéties formatrices, situation finale dont la mise en perspective avec le début permet de tirer une sagesse. La fable, au XVIIe siècle, est un genre pédagogique : l’élève doit mémoriser la morale, apprendre la rhétorique en composant à son tour des récits illustratifs accompagnés de leur moralité conséquente. C’est La Fontaine qui porte le genre à son apogée par : la maîtrise de l’écriture en vers irréguliers ; l’art du récit qui varie les