Les Fleurs du Mal
1°) L’idéal inaccessible
2°) Le poète ambivalent et sensible
3°) L’amour fugitif et bouleversant
4°) Le récit dénonciateur
5°) Le temps vécu comme un supplice
1°) L’idéal inaccessible
« La vie Antérieure » in SPLEEN ET IDEAL, XII, page 68
L'harmonie et l'ordre sont deux notions dominantes dans ce poème puisque c’est grâce à celles-ci que Baudelaire puise l’essentiel de son énergie. En faisant référence au monde antique, le poète insère dans le premier quatrain le champ sémantique de l'ampleur. Les adjectifs « vaste » (vers 1) et « grands » (vers 3) rendent compte de la notion de grandeur et de liberté. Elle est suivie de près par l'immensité temporelle qui est représentée par l'adverbe temporel « longtemps » (vers 1). S'ajoute à cet aspect les anciens monuments gréco-romains tels que « les portiques » (vers 1) et les « piliers ». Ces deux civilisations sont réputées pour leur goût de la symétrie, de la simplicité architecturale, et de l'esthétisme. Le lecteur peut donc aisément s'imaginer un lieu dominé par des arcs, des galeries et de grandes colonnes « droites et majestueuses » (vers 3), tous harmonieusement disposés de façon symétrique. L'auteur cultivait sans aucun doute un penchant pour l'art et pour l'architecture, comme en témoigne l'analyse de Robert Kopp dans Baudelaire, le soleil noir de la modernité (éditions Gallimard, coll. Découvertes, 2004). D'un point de vu rythmique, hormis l'euphonie « les tous puissants accords de leur riche musique » (vers 7), le premier vers ainsi que le septième vers sont d'une régularité irréprochable. Les quatre mesures trisyllabiques ainsi que l'allitération en « t » (vers 1) en témoignent largement. La concorde parfaite des éléments n'est possible que si l'auteur respecte un bon équilibre. Il faut donc prêter attention aux nombreux jeux de lumière présents dans le poème. D'une part nous avons la clarté et d'autre part l'obscurité qui occupent le plan de la scène. En effet, le reflet aquatique du soleil