Les liaisons dangereuses : la théatralité dans le roman
Au delà de l’utilisation de procédés qui ressortissent du genre dramatique, on peut aussi rechercher la présence du théâtre, à la fois comme lieu de l’action et comme métaphore de la société.
- Le théâtre du monde. Depuis Bossuet et son Sermon sur la mort, c’est un topos littéraire classique : le Monde est un théâtre où se joue la comédie sociale. Ce théâtre est constitué d’une scène où chacun se montre mais aussi de coulisses où le monde dissimule des conduites blâmables. Ainsi la Marquise se produit-elle dans le monde, au cours de repas et de visites mondaines, la petite maison lui permet de cacher ses aventures galantes. De la même façon, le fait que Valmont représente aux yeux de Mme de Volanges une “liaison dangereuse”, n’empêche absolument pas cette dernière de le fréquenter.
La comédie sociale frappe donc tous les protagonistes.
- L’opéra : C’est le lieu par excellence de l’interaction sociale et de la mise en abîme de la théâtralité. C’est dans la loge que la Marquise comprend la “conversation à double entente” que lui adresse Prévan, c’est aux Italiens que Valmont se rend accompagné d’Emilie, c’est encore aux Italiens qu’il fait tout pour être aperçu de Mme de Tourvel, alors qu’Emilie est à ses côtés, c’est enfin là que Mme de Merteuil est défaite en public comme le relate la lettre CLXXIII.
Le scénario de Hampton et le film de Frears ne font pas l’économie de cette métaphore de la société, tout d’abord parce qu’il reprend une scène du roman, mais aussi parce qu’il en invente d’autres, tout aussi signifiantes.
- A la fin du film, la Marquise est huée par le public dès qu’elle apparaît dans sa loge, à l’instar du roman, elle subit sa disgrâce publique, en esquissant un faux pas, mais en se reprenant bien vite. D’ailleurs le film ne ne nous montrera pas une
Marquise en fuite, et défigurée par la petite vérole, c’est dire si pour le réalisateur, comme pour le scénariste, cette ultime scène à l’Opéra est