LES LIAISONS DANGEREUSES (1782)
(Choderlos de Laclos)

I. Quel est le contexte du roman ?

a). Le moment historique et social
En 1779, Laclos est envoyé en mission militaire dans l’île-d'Aix pour assister le Marquis de Montalembert dans la direction des constructions de fortifications contre les Britanniques. De fait, il passe beaucoup de temps à rédiger Les liaisons dangereuses, et aussi une Epître à Madame de Montalembert. Promu en cette fin d’année capitaine de bombardier, il demande un congé de six mois qu'il occupe à Paris à écrire ; il sait que désormais son ambition littéraire doit passer avant son ambition militaire, pour laquelle il se sent frustré. Son ouvrage en cours d’écriture contient ses frustrations militaires — n'avoir jamais pu faire valoir ses qualités lors d’une guerre — mais aussi les nombreuses humiliations qu'il estime avoir subies toute sa vie, de la part des vrais aristocrates, ainsi que de femmes qu'il pense inaccessibles. Les liaisons dangereuses sont donc aussi pour lui une sorte de vengeance et une thérapie par l’écriture. En 1781, promu capitaine-commandant de canonniers, il obtient une nouvelle permission de six mois, lors de laquelle il achève son chef-d’œuvre.
c). La genèse et la réception du roman.
Etant donné que Laclos n’a écrit qu’un roman, et que l’on tient pour un chef-d’œuvre, on a longtemps cru que cette perfection était le fruit du hasard et d’une inspiration géniale qui aurait fait long feu. Or l’étude des manuscrits révèle qu’il n’en est rien. Celui qui est conservé à la Bibliothèque nationale n’est ni un premier jet ni un état définitif : il permet de constater que le contenu comme la structure épistolaire font l’objet d’un travail de correction réfléchi.
Tous les éléments, les composantes du roman sont très réfléchies et permettent d’enrichir l’interprétation de l’œuvre définitive. Ces éléments sont en particulier : le titre (voir III : Comment se présente le roman ? pour une explication détaillée), l’ordre