Chapitre 1 : Aux origines du féminisme américain 1. Le bon vieux temps : Comme dans les colonies les hommes étaient trois fois plus nombreux qu’elles, l’immigration des femmes fut encouragée par le biais d’annonces publicitaires. En 1619, arrivent à Virginie un navire chargé de femmes et dans la même colonie arrivent les premiers esclaves noirs venus d’Afrique. Les femmes étaient recherchées à des fins de procréation et pour l’influence civilisatrice qu’elles exerçaient sur les hommes seuls. Tant que les colonies restèrent relativement sous-développées, les femmes jouirent d’une certaine indépendance. Aux travaux des champs, s’ajoutait la possibilité d’exercer une activité à l’extérieur. En vertu de l’éthique puritaine, travailler était pour elles un devoir civique et religieux. Les plus douées purent ainsi développer de véritables compétences professionnelles, tant de domaines d’où elles allaient être ultérieurement exclues. Les femmes de l’époque coloniale donnèrent d’elles-mêmes une image vers laquelle les femmes des générations futures allaient se tourner avec respect et nostalgie. Mais seuls les hommes pouvaient trouver dans les horizons qui s’ouvraient à eux une compensation à leurs efforts, là où les femmes ne connaissaient que l’épuisement d’un vie de labeur incessant. En outre, même requises par le Nouveau Monde, et incitées à entreprendre la traversée, les femmes sont restées très longtemps les oubliées de l’histoire américaine. Les femmes qui ne se mariaient pas inspiraient de la pitié, et celles qui se mariaient perdaient tous leurs droits. La position sociale des femmes dépendait de celle de leur mari ou de leur père. Les activités exercées à l’extérieur du foyer ne visaient qu’à l’amélioration de l’ordinaire, ou à la poursuite de l’œuvre du mari en cas de veuvage. La latitude relative laissée aux femmes des colonies, l’était par nécessité, et non en vertu d’une idéologie visant à leur épanouissement. L’innéisme, ensemble de théories non contestées