Les puissances des formes poetique
Poésie et musique
L’une des différences fondamentales entre la prose et la poésie est liée à la musique. On dit souvent que le poète « chante » et cela est d’autant plus vrai que celui qui incarne la poésie dans l’Antiquité grecque se nomme Pan et s’accompagne d’une lyre (d’où le registre lyrique). Dans L’Odyssée d’Ulysse, Orphée qui l’accompagne charmera les sirènes avec chant et lyre, et sauvera l’équipage. Plus tard au Moyen Age, le poète s’accompagnait avec un luth.
La musique transforme le langage en charme, elle lui confère des énergies singulières. Depuis longtemps, la poésie cherche à intérioriser la musique et maintient un certain nombre des caractéristiques musicales :
- ses structures formelles établissent un rapport à la mémoire, à travers un système de liaison fondé sur la répétition (rimes, refrains,…) ;
- le principe de « variation », dans la musique, permet au texte de repasser à plusieurs reprises en combinant les éléments de plusieurs manières : de ce fait on redécouvre les significations des mots ;
- un effet d’attente ou d’appel est produit que l’on nomme agréments.
Les structures musicales influent donc sur la poésie par l’intermédiaire de la prosodie. Le texte a un rythme, un tempo, une mélodie et devient un « élan » avant d’être une pensée, une signification arrêtée.
Poésie et invention
Les formes traditionnelles ne sont-elles pas un carcan pour la création poétique ?
Voir les réflexions de Gide et Valéry : tous deux défendent la nécessité des règles et des formes traditionnelles mais proposent chacun des analyses.
Gide s’interroge sur le problème de la sincérité de l’expression face aux formes héritées qui sont susceptibles de la brider.
« La sincérité, telle que je l’entends, reste difficile et revêche ; elle exige une recherche constante et sans complaisance ; une connaissance et une maîtrise de soi, que je suis loin d’avoir atteintes. Oh ! Si je me laissais aller, je vous l’avoue, ce sont