les relations de Meursault
C'est surtout dans ses rapports avec les autres que Meursault nous semble «bizarre», selon le mot de Marie. En fait, pour une grosse part, il ressemble au reste de son peuple, mais si, par certains côtés, il en diffère, ce peut être tout simplement dû à la culture dont il est imprégné et qui le sépare tant soit peu de son milieu d'origine: il est tout de même passé par l'université
(«quand j'étais étudiant», p. 64).
Voyageant dans un car bondé et surchauffé, Meursault pique un somme, on l'aurait fait à moins: «Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le trajet» (p. 8> 11 faut considérer que c'est l'heure de la sieste et qu'il doit faire 50 degrés à l'ombre: la torpeur, dans ce cas-là, n'est pas de l'insensibilité, même si l'on est en route pour visiter sa défunte mère. C'est dans ces conditions,c'est-à-dire
Side 60 tions,c'est-à-direplus exactement à son réveil que Meursault est entrepris par un militaire «qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais de loin. J'ai dit 'oui' pour n'avoir plus à parler» (p. 9).
C'est tout. Pour n'avoir plus à parler et non parce qu'il est insociable. Regardons-le évoluer maintenant dans son véritable entourage.
Avec Raymond
C'était vrai et je l'ai reconnu (p. 45).
Je comprenais qu'il veuille la punir (p. 49).
J'ai trouvé qu'en effet, de cette façon, elle serait punie (p. 49).
Donc, il ne manque pas de compréhension ni de complaisance. Certes, à la question de
Raymond, à savoir s'il veut être son «copain», il répond que ça lui est égal. Mais c'est ce qu'on répond dans ces cas-là, si l'on n'est pas spontanément enthousiaste et qu'on n'ose pas offenser les gens; d'ailleurs, Raymond «a eu l'air content» (p. 45). Meursault répète plus loin: «Cela m'était égal d'être son copain» (p. 51), tout simplement parce qu'on ne peut