Les sociétés contemporaines
Intro :
La question du lien social, centrale dans toute la pensée sociologique, se renouvelle en fonction des préoccupations spécifiques du moment. La conscience actuelle du désordre, la marginalisation de certaines populations, la césure manifeste entre insiders et outsiders redéfinissent la question originelle du lien, à partir du lexique de la crise. Exclusion, désaffiliation, disqualification, interviennent comme autant de référents traduisant le souci majeur de la cohésion. Au même titre que ces catégories d'analyse, mais sous des formes moins globales que locales, la vulnérabilité relationnelle entend rendre compte de l'émiettement des liens sociaux. Son apparition résulte ainsi d'une volonté de désignation tant de l'exclusion que de la « nouvelle question sociale ».
Si les mécanismes de précarité économique ont largement été étudiés ces dernières années, les logiques de vulnérabilité relationnelle demeurent imprécises. Que signifie donc être vulnérable relationnellement ? Outre le fait que cette fragilité renvoie aux relations primaires, on ne sait pas sur quels critères elle repose et quels sont les éléments d'analyse pouvant en rendre compte. L'ambiguïté de cette appellation exigeait un travail de cadrage et de définition. Pour ce faire, nous avons procédé à l'élaboration d'hypothèses successives qui, dans des registres différents, explorent les dimensions du phénomène étudié.
1. Transformations de la structure familiale :
La période allant de 1945 à 1965 avait constitué un véritable âge d'or pour la famille : mariages précoces et nombreux, fécondité élevée, divorces en nombre stable compensés par un taux élevé de mariages. La plupart des enquêtes confirmaient, par ailleurs, l'attachement aux valeurs familiales. En revanche, à partir des années 70, tous les indicateurs démographiques ont manifesté la transformation de ce qu'on pouvait appeler l'ordre familial. En moins de vingt ans, le