Les villes européennes face au développement durable
La période que l’on nomme l’après-Rio, parce que l’on attendait d’elle des décisions majeures pour l'écologie de la planète, n'a pas conduit à des actions d'envergure aux niveaux national et international. A ces échelles, le développement durable est resté simple déclaration d'intentions. En revanche, de multiples initiatives locales ont vu le jour au cours de la décennie quatre- vingt dix ainsi qu’une mobilisation significative des collectivités territoriales. On trouve aujourd’hui des fragments de politiques de développement urbain durable sur tous les continents urbanisés, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Chine, dans les vieilles cités d’Asie centrale ou dans les métropoles au développement très récent… Les contenus sont variés et les résultats, encore plus. Loin d’être secondaire, pourtant, cette traduction opérée de l'échelle globale à l'échelle locale conditionne l’opérationnalité du concept de développement durable. Mais cette évolution a un caractère paradoxal qui brouille sa lisibilité : elle est plus urbanistique que politique ; elle infléchit les politiques urbaines sur fond de désengagement politique. En d’autres termes, la vis ion politique en faveur du développement durable n’est pas portée par les élus locaux, mais par les responsables administratifs et certaines forces vives des territoires (associatives notamment). Il existe, bien sûr, des exceptions qui confirment cette règle. La réflexion sur la ville durable est née d'une relecture critique des évolutions urbaines contemporaines, prenant notamment à partie la croissance de la motorisation individuelle et de l'étalement urbain, le fonctionnalisme et le zonage qui en sont des moteurs, l'usage dissipatif des ressources et patrimoines naturels 1 , ou encore, la sectorisation de l’action publique. Les principes qui ont été au soubassement de la ville "moderne" ont entraîné des