Ling. text
INTRODUCTION1 Michel Charolles Université de Paris III UMR LATTICE ENS Ulm Marie-Paule Péry-Woodley Université de Toulouse-Le Mirail ERSS UMR 5610
Depuis la fin des années 1980, un grand nombre d'ouvrages2 et de numéros de revue3 ont été consacrés au fonctionnement des adverbes en français. Dans ces publications, auxquelles il faudrait ajouter une multitude d'articles, de thèses et de monographies récentes4, les problèmes de classification ont toujours occupé et continuent à occuper5 une place importante. Il en va de même avec les questions tournant autour de la place des adverbes. L'intérêt accordé aux effets de leur position, notamment à l'initiale de phrase, n'est probablement pas étranger au fait que l'on est passé d'études consacrées à la classe (déjà très accueillante) des adverbes stricto sensu à des études plus larges sur les adverbiaux (i.e. "compléments circonstanciels" non argumentaux). Les articles rassemblés dans ce numéro se situent dans le prolongement de cette évolution6. Ils portent sur des constituants de nature diverse (Adv, SP, SN), non intégrés syntaxiquement, phrastiques ou non, en position préverbale, dont ils visent à préciser le fonctionnement en discours en se fondant sur des corpus conçus spécialement ou simplement exploités comme bases de données7. L'hypothèse générale sous-tendant ces études consiste à faire valoir que les adverbiaux les moins intégrés dans la phrase qui les accueille sont plus ou moins prédestinés, quand ils sont antéposés, à jouer un rôle dans la structuration du discours et donc à assumer, en plus de leur fonction idéationnelle (ou représentationnelle), une fonction textuelle (M.A.K. Halliday, 1994). Cette propension est manifeste avec les adverbiaux connecteurs. Elle est beaucoup moins évidente avec les adverbiaux non grammaticalisés comme les SP spatiaux et temporels, qui sont très souvent détachés en tête de phrase et qui contribuent au contenu idéationnel des énoncés.
Nous