Lipton
Avec ses thés noirs, parfumés ou glacés, cette pépite d’Unilever a conquis la moitié de la planète. Une ¬réussite qui doit beaucoup à… ses managers français.
1 | 2 | 3 |
Garde à vous, fixe ! A l’entrée de la plantation de thé de Kericho, à l’ouest du Kenya, des vigiles en treillis accueillent les visiteurs d’un salut militaire. Gazon impeccable, haies taillées au cordeau, maisons blanches bien alignées : bienvenue à Lipton City. C’est ici, sur ce haut plateau pluvieux, à 2 000 mètres d’altitude et à 100 kilomètres du lac Victoria, que le géant Unilever cultive son thé pour le monde entier : 14 000 hectares, autant de salariés, un chapelet de 80 villages où logent les cueilleurs et leurs familles. Un Etat dans l’Etat. Le gîte, les 22 écoles et les 23 dispensaires, tout est gratuit. Aux frais de la multinationale.
Si le groupe anglo-néerlandais est aux petits soins avec ses salariés kényans (le pays est le troisième producteur mondial de thé après l’Inde et la Chine), ce n’est pas par philanthropie. L’exploitation de Kericho couvre à elle seule 10% des besoins de Lipton. Une singularité dans le secteur. Ses rivaux Twinings et Tetley achètent 100% de leur matière ¬première aux -grossistes. Pour le leader mondial, la maîtrise des approvisionnements présente deux avantages. «Nous nous assurons d’une qualité constante, explique le directeur du site, le Français Eric de Foresta. Cette plantation est aussi un formidable outil de formation pour nos cadres.» Des managers de toutes nationalités s’y rendent chaque année pour s’initier aux -secrets du fameux Yellow Label.
Inventé en 1890 par un épicier irlandais, Thomas Lipton, ce mélange de 20 thés noirs s’écoule aujourd’hui dans 130 pays et semble se moquer des traditions locales. Les Français, gros buveurs de café, les Américains, adeptes du thé glacé, les Polonais, qui préfèrent les saveurs corsées, et même des Chinois, accros au thé vert, tous ont adopté