Littérature
Un bouleversement de la société
Mais à partir du moment où, au milieu des années 1990, Internet s’ouvre au grand public, les choses ne pouvaient rester en l’état. Avec l’arrivée du world wide web, l’anonymat succède à la communauté des pairs, et le réseau ouvre ses portes au commerce. L’utopie des pionniers n’a cependant pas complètement disparu pour autant. Le discours public qui se développe pour encourager à la pratique d’Internet perpétue le mythe de la communauté à travers l’image du « village planétaire » empruntée à Marshall Mac Luhan, où chaque internaute est « plus qu’un utilisateur, agissant et contribuant à la richesse de la communauté virtuelle. L’esprit du Net est basé sur un principe fondateur : donner et recevoir », comme le dit la presse (2). Mais à quoi le Web peut-il bien servir ? La réponse est alors des plus floues : il ne s’agit pas de chercher une information précise (les moteurs de recherche en sont alors à leurs balbutiements) mais de « partir à l’aventure », de voyager, flâner, de se laisser porter au gré des clics sur les liens hypertextes et passer ainsi « d’un site japonais à un serveur brésilien, d’une institution américaine à une page personnelle finlandaise (3) »... Bref, le tour du monde devant son ordinateur !
Si le présent est encore incertain, l’avenir, lui, s’annonce radieux : Internet va bouleverser la société. En matière culturelle, par exemple, le Web donne, d’un côté, une audience mondiale au plus obscur des artistes, et permet également de diffuser des œuvres inédites. De l’autre, comme le dit alors la ministre de la Culture Catherine Trautmann, « ces innovations technologiques sont un formidable instrument de démocratisation et d’amélioration de l’accès de tous aux œuvres de l’esprit ». On prend au sérieux l’idée d’une bibliothèque mondiale, où tous les livres seraient accessibles d’un clic, sans besoin de compulser les rayonnages, ni même de se déplacer.
Autre domaine appelé à être chamboulé : l’éducation.