Lundi 30 septembre texte 4 Ernaux
Ni l'un ni l'autre. Ce sont des scanners pour enregistrer soimême les articles qu'on prend dans les rayons. Le montant s'affiche au fur et à mesure. A la fin, on paie à l'une des caisses Rapid situées au niveau 2 sans avoir à sortir les courses du caddie. C'est le selfscanning. Une affichette blanche en fixe la condition première d'utilisation : la possession d'une carte de fidélité Auchan. Consommateurs volages, passez votre chemin.
Pour les autres suit un discours vantant la facilité et le gain de temps mais truffé de menaces voilées.
L'utilisateur du scanner est ainsi averti qu'il devra montrer sa carte d'identité au moment de payer. Qu'une relecture de ses courses ainsi que des contrôles aléatoires peuvent être effectués.
J'ai imaginé aussitôt la scène. Un ou deux surveillants surviennent. « Bonjour. Voulezvous vider votre caddie ? Pourquoi ? Pour vérifier que vous avez bien payé tout ce qu'il y a dedans. »
Je me demande sur quels signes extérieurs, quel repérage des caméras, sera fondée l'interpellation. Si les videurs de caddie opéreront sur place devant les autres clients ou s'ils vous emmèneront, et où. Passer à la caisse va devenir plus périlleux que franchir la douane.
Sur Internet je lis que l'engin qui sert à scanner est appelé un pistolet et que des consommateurs se déclarent satisfaits du système. De l'arme qui élimine les caissières et nous livre en même temps au pouvoir discrétionnaire de l'hyper.
Acte politique simple : refuser de s'en servir.
Pour m'éviter toute tentation je connais la coercition insidieuse de la grande