Machine infernale
Thèbes, un chemin de ronde sur les remparts. Deux soldats ont vu un spectre. C’est celui de Laïus. Accompagnée de Tirésias, Jocaste vient se renseigner sur cette apparition. Mais c’est en vain que Laïus tente de prévenir sa veuve du danger qui la menace La nuit, en un lieu écarté, Œdipe s’entretient avec une jeune fille de dix-sept ans qui tente de le séduire. D’abord, il ne reconnaît pas en elle le Sphinx. Puis, celle-ci se présente : Œdipe se retrouve bien face à face avec le monstre de la mythologie grecque. Tous les éléments du mythe se retrouvent donc dans la pièce de Cocteau et une « voix », rappel du chœur antique, vient rappeler au début de chaque acte les éléments du mythe permettant au spectateur de situer l’action. La rencontre entre le protagoniste et le monstre occupe le deuxième acte de la pièce. L’extrait proposé se compose d’une double tirade du sphinx déclinant les attributs de celui-ci et ses pouvoirs, devant un Œdipe muet, sidéré, ensorcelé peut-être. Il conviendra de voir ici en quoi Jean Cocteau reprend et retravaille le mythe antique qui a déjà connu plusieurs adaptations dans la littérature post-antique.
Nous verrons dans une première partie comment s’effectue cette intégration de l’intertexte antique dans cette pièce du XX°s ; puis, dans une deuxième partie, le dévoiement du mythe et comment le dramaturge-poète retourne celui-ci ; enfin, dans une troisième partie, la poétique du théâtre, où le mythe devient un prétexte à une interrogation tout à fait contemporaine sur les pouvoirs du théâtre.
I L’intertexte antique
A/ Les deux personnages le sphinx : le sphinx est une figure constitutive du mythe d’Œdipe. Il constitue un point de passage dans le parcours du héros grec, épreuve révélant l’intelligence du héros qui va devoir répondre à une