À l'heure où l'on débat tout à la fois du brouillage des genres, de la mixité ou de la re-différenciation des sexes, où l'on raisonne de plus en plus par génération ou par tribus, le marketing du genre a-t-il encore un sens ? « Oui », répondent en cœur Babette Leforestier, directrice du pôle TNS Media Intelligence, et Élisabeth Tissier Desbordes, directrice du département marketing de l'ESCP-EAP. Une segmentation qui, si elle doit être affinée, se justifie d'abord d'un point de vue démographique. « Le sacro-saint couple de jeunes actifs urbains avec deux enfants, cœur de cible privilégié des marques, ne correspond plus, loin s'en faut, à une généralité démographique », écrit ainsi Babette Leforestier en préambule du Marketing Book masculin/ féminin, premier du genre édité fin 2005. Aujourd'hui, ce type de famille ne représente plus que 12,5 % des foyers, tandis que la France compte 19,2 % de femmes seules et 12,7 % d'hommes seuls. « Les marques négligent ces populations, insiste-t-elle. Par exemple, la cible masculine est oubliée dans la distribution et l'on ne prend pas en compte la réalité des familles monoparentales. » L'intérêt du “gender marketing” réside également dans les différences de pratiques de consommation entre les sexes. Pour le choix d'un produit, les hommes seraient plus sensibles aux qualités techniques, quand les femmes étudieraient une pluralité de critères plus ou moins objectifs. Sur le lieu de vente, ces dernières sont davantage sujettes à l'achat d'impulsion que les hommes, notamment du fait de leur “expérience” du shopping, selon une étude américaine. Les hommes, en revanche, rechignent à passer du temps dans les rayons, sont peu enclins à écouter les conseils d'un vendeur (exceptés les plus de 50 ans), et vont directement acheter ce dont ils ont besoin. Fin 2000, une étude Ipsos/BBDO Corporate montrait pourtant que si 65 % des entreprises interrogées avaient conscience de ces différences de comportements selon les sexes, seuls 27 %