Michel tournier
Germaniste accompli et philosophe de formation, Michel Tournier renonce à l'enseignement et s'occupe de traductions et d'émissions à la radio puis à la télévision avant de publier à 42 ans son premier roman Vendredi ou les Limbes du Pacifique en 1967 qui ouvre trois décennies consacrées à la littérature. Il a bâti en neuf romans publiés de 1967 à 1996 et en quelques recueils de nouvelles une œuvre originale qui fait de lui un des écrivains français marquants du dernier tiers du XXe siècle[1].
Dans un style acéré et avec un sens du drame et du sacré qui n'empêche pas l'ironie subversive, Michel Tournier crée un univers personnel animé par des personnages complexes – essentiellement masculins – en réinterprétant les mythes comme Robinson Crusoé dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique (1967), Castor et Pollux dans Les Météores (1975), les rois mages dans Gaspard, Melchior et Balthazar (1980), Barbe-Bleue et Gilles de Rais dans Gilles et Jeanne, la bulla aura romaine dans La Goutte d'Or (1985), Moïse et la Terre promise dans Eléazar ou la Source et le Buisson (1996). Il en fait la trame de récits où le réalisme minutieux s'associe à la création imaginaire de mondes différents (l'île du naufragé du XVIIIe siècle, le parcours des rois orientaux de l'Antiquité, le contexte du guerrier et de la sainte au XVe siècle, la Prusse-Orientale du Roi des aulnes et la napola où l'ogre dévoreur se change en saint Christophe sauveur d'enfant durant la Seconde Guerre mondiale et le nazisme...). Il interroge ainsi les parcours humains, soulevant des questions