Mission locale
Philippe Brégeon
Sociologue au laboratoire GRESCO de l’Université de Poitiers
Contacte :philippe.bregeon@univ-poitiers.fr
Cet article est issu de l’ouvrage « A quoi servent les professionnels de l’insertion ? » publié en 2008 dans la collection « Le travail du social » dirigée par Alain Vilbrod, aux éditions l’Harmattan Il s’appuie sur un travail socio-historique et sur une enquête de terrain menée entre 2004 et 2007 sur le réseau des missions locales et PAIO du département de la Vienne. Il s’agit d’une observation des activités du réseau avec des entretiens auprès d’une vingtaine de conseillers en insertion et de responsables. Certains de leurs propos apparaissent en italique dans les pages qui suivent et une présentation de ces acteurs apparaît en annexe, dans cet article.
Introduction
Quand est-ce que commence l'histoire des missions locales ? La question peut paraître assez simple dans la mesure où, objectivement, les premières missions locales apparaissent en 1982 après l'alternance politique avec l'avènement d'un gouvernement de gauche. Leur création correspond à l'une des propositions d'un groupe de travail présidé par Bertrand Schwartz qui a rendu au premier ministre Pierre Mauroy un rapport intitulé « L'insertion professionnelle et sociale des jeunes ». François Mitterrand dans sa campagne pour l'élection présidentielle avait mis au rang de priorité la question de l'articulation entre l'emploi et l'éducation. Cette orientation politique s'explique partiellement par la massification du chômage qui touche particulièrement les jeunes et qui réactive la question du statut de la jeunesse. Au-delà, la population française est en train de vieillir, les rapports entre les générations se complexifient et les institutions semblent avoir de plus en plus de mal à assurer la régulation des catégories sociales les moins favorisées et l'intégration des sortants sans qualification du système scolaire.