Molière - dom juan - acte iii - scène 2 - la scène du pauvre
Introduction
Dorimon et de Villiers : Dom Juan rencontre non pas un pauvre mais un pèlerin, à qui prend de force son costume pour s’en déguiser. Molière transforme le pèlerin en pauvre. Ce célèbre dialogue entre Dom Juan et le pauvre et tout entier sa création. Il sera supprimé en 1982 de l’édition censurée.
→ En quoi cette scène a-t-elle particulièrement donné matière à la censure ?
→ Comment se précise la personnalité de Dom Juan dans ce face à face ?
Annonce du plan :
I. Une scène de conflit
II. La peinture des caractères
I. Une scène de conflit
1. Les enjeux
Rencontre aléatoire, du au hasard. Sganarelle s’adresse au pauvre en premier, pour demander le chemin, réponse polie et généreuse : « messieurs » et mise en garde sur les valeurs (prolepse). Dom Juan transgresse le code de charité chrétienne, il devrait donner une pièce au pauvre (« Je te rends Grace de tout mon cœur »). Dom Juan, en bafouant le code de charité, fait figure de libertin militant. Dom Juan a l’initiative du conflit et va devenir corrupteur. Acte III : acte du nœud dramatique, des tensions, acte médian. Le pauvre n’est qu’un instrument pour provoquer Dieu.
2. Un face à face inégal
Le pauvre n’a pas le droit à un nom : périphrase qui le réduit à sa situation sociale, c’est un marginal, un mendiant. « Monsieur » x9 : humilité. Dom Juan a le pouvoir, c’est un exemple d’abus de pouvoir sur un marginal (qui n’en a aucun). Le pauvre est systématiquement tutoyé par le Grand Seigneur (« Je te suis bien obligé mon ami ») alors que le pauvre ne renonça pas de bout en bout au vouvoiement.
3. Une tension dramatique
Un face à face impitoyable entre l’incroyant militant et le croyant résistant, dans une scène ou la brièveté s’allie à la densité. Contraste en la vivacité de Dom Juan et la lenteur du pauvre. A partir de la question du pauvre : accélération, vivacité de l’échange avec beaucoup d’exclamations (x5, onomatopées).