DOM JUAN Acte 1 Scène 2 Tirade de l'inconstance
Pour Dom Juan la fidélité c’est la mort.
Nous pouvons observer que le champ lexical de la fidélité «se lie, être fidèle, la constance, engagé », omniprésent dans le discours du héros de Molière, s’accompagne toujours d’une connotation négative. Dans son esprit le fait de rester fidèle à une même femme, de pérenniser une relation amoureuse, nous pourrions dire de se fixer, est synonyme d’ennui, d’usure, d’immobilité et les références au sommeil « nous nous endormons » ou à la stagnation « demeurer » le montrent bien. En effet dormir, c’est d’une certaine manière s’absenter du monde, cesser d’exister à ses yeux et à ceux des autres en portant un coup d’arrêt à l’action. Quant au verbe « demeurer », il évoque la sédentarisation, ce qui, pour un homme comme Dom Juan, lequel passe perpétuellement d’une femme à l’autre, d’un lieu à un autre, semble insupportable. D’ailleurs, l’on peut noter au passage l’adéquation voulue par Molière entre la dispersion de son personnage et le traitement de l’espace dans la pièce : un lieu par acte, pas d’unité de lieu, l’ensemble des structures dramatiques du Dom Juan convergeant vers le héros au profit de l’unité d’intérêt. De plus le mot « tranquillité », au premier sens « absence de trouble, repos » se trouve connoté ici de manière négative. Enfin la construction négative « rien à dire ni à souhaiter » met l’accent sur la propension de Dom Juan à assimiler la vie au désir et, par là, l’absence de désir, sa disparition, à la mort. L’on pourrait penser que cette expression préfigure les références explicites à la mort « s’ensevelir » « être mort » au travers desquelles le héros réaffirme son dégoût de la fidélité et son inclination pour la nouveauté.
Fonctionnement du §
Chap § : idée directrice Pour Dom Juan la fidélité c’est la mort.
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