«Seule de tous les arts, la littérature nous permet d’explorer l’intériorité d’autrui. C’est là son apanage souverain, et sa valeur. Inestimable, irremplaçable.» Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice Depuis que les technologies dites “modernes“ ont fait leur apparition, la littérature semble, aux yeux de beaucoup, désuète et vieillotte. Or, ce que les personnes n’ayant jamais ouvert une œuvre de littérature ignorent, c’est le pouvoir émotif, saisissant et touchant que les écrits peuvent, si la plume est maniée avec soin, sensibilité, astuce et audace, avoir sur les lecteurs. C’est ce que relève Nancy Huston, écrivain franco-canadien du 21ème siècle, lorsqu’elle affirme : «Seule de tous les arts, la littérature nous permet d’explorer l’intériorité d’autrui. C’est là son apanage souverain, et sa valeur. Inestimable, irremplaçable.» En effet, grâce aux textes, nous pouvons pénétrer dans l’esprit des personnages, les scruter, les examiner et nous abreuver de tout ce que l’auteur nous livre d’eux. Ainsi, bien plus que par tout autre moyen narratif, la littérature nous donne la possibilité de devenir, pour quelques minutes, heures ou jours, un autre, différent de nous, souvent inexistant, mais tellement présent mentalement que son existence physique n’a, au final, qu’une importance misérable. Par ce texte, je vais tenter de démontrer par quels moyens nous pouvons nous substituer personnages, par quel biais l’auteur nous permet ce luxe, pourquoi il est tellement important d’en avoir la possibilité, pourquoi Nancy Huston pense qu’aucun autre art ne peut posséder les mêmes qualités, et comment permettre aux générations futures de continuer à en jouir. Peu de livres démontrent aussi bien ce phénomène que le roman de Nancy Huston, Dolce Agonia. Tout au long du récit, nous passons de personnages en personnages, de pensées en pensées, de récits en souvenirs, de parenthèses en parenthèses. Chaque détail