Nous
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Cidade de deus[pic] est, sans aucun doute, l'un des films les plus étonnants de ces dernières années. Parce qu'il raconte une histoire largement authentique, qu'il prend place dans un environnement "exotique", insolite dans le cinéma actuel et aussi parce qu'il bénéficie d'un traitement visuel remarquable, expressionnisme virtuose qui peut déranger certains. Le troisième film de Fernando Meirelles[pic], qui succède au court-métrage Golden Gate (Palace II) qui se passait déjà dans la "Cidade de deus", n'est pas, bien que maladroitement qualifié de "nouveau cinéma brésilien" par la presse, une oeuvre isolée mais s'inscrit dans une filiation avec Deus e o Diabo na Terra do Sol[pic] de Glauber Rocha[pic], Os Fuzis de Ruy Guerra[pic] ou encore avec le cinéma de Neslon Pereira dos Santos[pic]. Le O Homem do Ano[pic] de José Henrique Fonseca, présenté à Cognac en avril dernier et au Festival de Cannes (mais encore inédit en salles) le prolonge avec des références communes.
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Inspiré de l'ouvrage homonyme de Paulo Lins[pic], Cidade de deus[pic] est le nom et le récit (touffu) de cette favela de la périphérie de Rio de Janeiro. Celle-ci a accueilli, dans les années 1960, tout ce que la province comptait de déshérités et sans logis*, devenant rapidement l'un des endroits les plus dangereux du Brésil. Ce récit, qui démarre sur un événement majeur dans la vie du narrateur (Buscapé (Fusée) qui est aussi l'auteur), celui qui lui a permit de devenir photo reporter, n'est qu'un immense flash-back, (dé)structuré en trois épisodes qui sont autant d'inflexions-explications nécessaires à la compréhension. Nous faisons successivement connaissance avec trois générations de "hors-la-loi"**, le "Trio ternura (Trio tendresse)" emmené par Cabeleira (Tignasse) dans les années 60, la première partie de l'opposition entre Sandro Cenoura (Carotte) et Zé Pequeno (Petit Zé) (associé au sympathique Bené) pour la maîtrise des