Recueil inachevé de 72 nouvelles écrites par Marguerite de Navarre, L’Heptaméron pose avant tout la question de l’amour qui est un des sujets principaux au XVIème siècle. Cette œuvre le montre de différentes manières : l’amour du corps, l’amour de l’esprit, l’amour heureux et l’amour tragique, etc. La dissertation qui suit portera sur l’image de l’amour dans la Nouvelle X et aussi sur d’autres questions autour de ce rapport sentimental. La dixième nouvelle de l’Heptaméron termine la narration de la première journée. Elle est considérablement plus longue que toutes les autres nouvelles qui la précèdent. En fait, cette nouvelle est la plus longue de cet ouvrage. Sa longueur a été indiquée par Dagoucin qui demande à Parlamente de ne point « crain[dre] à parler longuement » 1 et aussi été soulignée par la devisante Parlamente s’excusant de raconter cette longue histoire. En outre, parmi tous les devisants, Parlamente s’identifie souvent avec Marguerite de Navarre2. Il serait, donc, intéressant d’analyser en détail cette nouvelle qui occupe une place essentielle dans l’Heptaméron. La nouvelle 10 introduit les lecteurs dans le monde d’amour de deux personnages espagnols, Amadour et Floride. Ce jeune homme qui est « d’un rang peu prestigieux, mais pourvu de nombreuses qualités »3 aime Floride qui est la fille de la comtesse d’Arande. Autrement dit, ce gentilhomme est amoureux d’une fille d’un niveau social supérieur au sien. Cet écart du statut social rend impossible l’amour traditionnel. La devisante Parlamente relate donc un amour courtois entre Amadour et Floride qui sont tous les deux engagés dans des obligations matrimoniales, c’est-à-dire une relation

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Marguerite de Navarre,