Histoire des Arts
Nuit et Brouillard (1963)
Jean Ferrat - Jean Tenenbaum de son vrai nom (1930-2010) (chanson engagée politique)
Couplet 1
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.
Couplet 2
La fuite monotone et sans hâte du temps, Survivre encore un jour, une heure, obstinément, Combien de tours de roue, d’arrêts et de départs, Qui n’en finissaient pas de distiller l’espoir.
Couplet 3
Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage,
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux, Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge,
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues.
Couplet 4
On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours, Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour, Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire,
Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare.
Reprise du Couplet 1
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants,
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent.
Refrain 1
Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des ombres, Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés, Dès que la main retombe, il ne reste qu’une ombre, Ils ne devaient jamais plus revoir un été.
Refrain 2
Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou, D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel, Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux.
Refrain 3
Les allemands guettaient du haut des miradors, La lune se taisait comme vous vous taisiez, En regardant au loin, en regardant dehors,
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers.
Refrain 4
Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter, L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été, Je twisterais les mots s’il