Paru in :Alya Aglan, Olivier Feirtag, Dzovinar Kéonian, (dir), Humaniser le travail, Peter Lang, 2011, pp.211-230. LE DEBUT DE L’HUMANISATION DE LA MONDIALISATION : L’OIT ET LES MIGRATIONS A L’AUBE DES ANNEES CINQUANTE Valentina VARDABASSO « Comment voulez-vous que les gens aient foi dans la démocratie si c’est d’abord la démocratie qui ferme les voies pouvant conduire les gens de la misère à un bonheur possible ?1 La lecture des archives de l’Américain David Morse, directeur de l’Organisation internationale du travail pendant vingt ans (1950-1970), ne peut constituer aujourd’hui qu’un sujet d’étonnement2. La question des migrations perçue à notre époque comme un problème, apparaît dans son discours comme une opportunité, une grande richesse d’abord pour le pays d’accueil. Le migrant considéré dans l’imaginaire contemporain comme un élément perturbateur susceptible de porter atteinte au niveau de vie des ouvriers nationaux, est placé au centre de l’action de l’OIT, en tant que destinataire des mêmes droits et devoirs que les travailleurs autochtones, représentant en un mot un atout qu’il faut défendre. Il est intéressant de retracer le combat mené par David Morse en faveur de l’égalité des travailleurs émigrés d’autant plus que la bataille a été perdue du fait des Américains qui on retiré à l’OIT cette compétence en 1951. Il est vrai que depuis sa création dans le cadre de la Société des Nations, l’Organisation internationale du travail, dans le but d’améliorer les conditions de vie des travailleurs, va à contre courant de l’esprit des temps. Dès sa fondation, l’OIT proclame que la primauté du travail sur le travailleur a pris fin, ainsi que la prédominance des besoins techniques et économiques sur les besoins de l’homme. Cette conception de la primauté du facteur humain sur le produit du travail va de paire avec l’introduction progressive de la machine qui promet de multiplier les profits tout
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Archives de l’Organisation internationale du travail (OIT), MIG