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Théorie positive de la comptabilité
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Jean-François Casta
La recherche en comptabilité financière a connu de profondes mutations au cours des dernières décennies. Jusqu’aux années 1960, dans un contexte qui postulait implicitement l’utilité de l’information financière pour l’utilisateur, la recherche comptable était essentiellement de nature normative et se préoccupait de sélectionner, de façon purement spéculative, les principes et méthodes jugés les plus pertinents.
À partir de la fin des années 1960, dans le but d’évaluer ces travaux normatifs, la recherche comptable, en quête d’assises scientifiques, a progressivement évolué vers une approche empirique. À l’image de l’évolution des sciences économiques, l’introduction d’une démarche positive a nécessité le recours à de nouveaux instruments dont les premières expérimentations ont porté sur la validation de l’hypothèse d’utilité décisionnelle de l’information comptable. Paradoxalement, les tests empiriques ont mis en évidence l’importante anticipation par le marché du contenu informatif de ces données bien avant leur divulgation. Le problème de la nature de l’utilité des nombres comptables était posé et, plus généralement, celui du rôle institutionnel de la comptabilité comme système de production d’information financière.
En réaction, un paradigme fondé sur l’utilité contractuelle des nombres comptables a émergé vers la fin des années 1970. Le « programme de recherche » associé se proposait d’expliquer les pratiques observées et de prédire les choix comptables effectués, tant par les dirigeants que par les organismes de normalisation. Le contenu de ce programme – intitulé Positive
Accounting Theory – a été formulé par Watts et Zimmerman (1978, 1979 et
1986). Il a engendré, à partir des années 1980, la création d’un véritable courant – appelé École de Rochester par référence à l’université dans